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Luc était suffoqué. Un instant, il douta. Ce corps ne pouvait pas être le sien. Puis il comprit: tout ce qu'il avait vécu depuis sa chute au Camp-César était bien réel. Il n'avait rien rêvé: le pouvoir que l'extraterrestre lui avait transmis venait de se réveiller en lui. Et comme pour s'en convaincre, il se le dit à lui-même à haute voix.

Le commissaire qui avait tout entendu demanda: 

- Alors, vous parlez notre langue ?

- Oui...

- Vous parliez d'un pouvoir qui ne devait pas se réveiller et qui s'est réveillé... C'est quoi ce charabia ! Et d'abord, qui êtes vous ? Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure! 

- Je ne peux vous le dire...

- Êtes-vous humain ? 

- Je ne sais pas... Je ne sais plus... Enfin, je crois que oui...

- Ouais, en fait vous ne voulez rien nous dire ! 

- Sincèrement, j'aimerais pouvoir vous en dire plus, mais je ne le peux pas ! Je me pose moi-même encore beaucoup de questions !  Mais soyez sûr que je ne vous veux pas de mal ! N'ayez pas peur de moi ! Ce que je peux vous dire, cest que si ce pouvoir s'est réveillé en moi, c'est parce que j'ai une mission à remplir, que des vies sont en péril... Par où sont partis ceux qui se font appeler: le commando des Aigles ?

La question fut posée d'une façon si abrupte et si soudaine que le commissaire prit de court laissa échapper la réponse "à l'insu de son plein gré".

- Par là ! fit-il en tendant vaguement la main en direction de la rue de l'Amiral Courbet avant de se rendre compte de sa bévue et de se sentir affreusement écrasé sous le poids interloqué et désaprobateur du préfet, de ses hommes et surtout... des gendarmes. Se ridiculiser à ce point devant des gendarmes, jamais il s'en remettrait. Il voulut se rattraper, lui intimer l'ordre de rester sur place tant que l'unité NBC ne se serait pas assurée qu'il ne faisait courir aucun risque à la population, mais le temps qu'il se retourne, son interlocuteur avait disparu. Le commissaire Lebiloute vécut peut-être à cet instant précis son plus grand moment de solitude, n'osant plus regarder que ses pieds, puis il se ressaisit en se disant: " La meilleure défense, c'est l'attaque."

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Avec une assurance et une autorité déconcertante, il tempêta:

- Quoi ?... Qu'est-ce qu'il y a ?... Je vous en foutrai moi de ces gugusses qui viennent d'on ne sait où, qui se permettent de poser des questions sans répondre aux autres et hop ! Ça disparait, comme ça !

Outré par cet aplomb mal à propos, le préfet s'apprêtait à faire part de sa façon de penser, mais le commissaire Lebiloute fut sauvé par l'irruption du RAID.

Le chef de l'unité d'élite demanda tout de suite: 

- Où en est la prise d'otage ?

Le commissaire leur résuma la situation et conclut en disant:

- Mais dites donc, vous en avez mis un temps.

- Désolé, mais pas moyen d'atterrir et pas moyen de vous joindre non plus. Toutes les communications étaient coupées. C'était l'enfer, ici, tout à l'heure. Trop de turbulences, le pilote de l'hélico a dû nous déposer plus loin. 

De son côté, le préfet se mit à l'écart pour répondre à un appel téléphonique.

- Ici le chef du cabinet de Madame la ministre de l'intérieur. Qui coordonne les opérations sur place ?

- Le commissaire Lebiloute Monsieur le chef de cabinet . Passez-le moi, s'il vous plaît.

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Le commissaire expliquait aux hommes du RAID le pourquoi du déchaînement qu'ils avaient vu du ciel quand le préfet lui tendit son téléphone portable en annonçant: 

- Le ministère de l'intérieur pour vous.

Dans ses petits souliers, le commissaire s'empara du portable. ( "Le protocole voudrait que ce soit le préfet qui rapporte la situation... Est-ce qu'il aurait vendu la mèche au sujet de ma bourde de tout à l'heure ?" pensa t-il) et fit:

- Oui... Le commissaire René Lebiloute...

Après un petit silence que le commissaire interpréta comme un moment de gêne:

- Il y a dix minutes qu'on essaye de vous joindre... 

- Nous venons de subir une sorte de tornade très localisée, brève mais particulièrement dévastatrice. C'est ce qui explique que les communications ont été coupées.

- Des victimes ? s'inquiéta son interlocuteur.

- Des blessés du carambolage de la première heure aggravés, mais pas de mort.

- Et le commando des Aigles ?

- En fuite..., avec un otage et plusieurs sacs de billets usagers. Ils restent les employés ainsi que des clients dans la banque... Mais pour l'instant, on ne peut pas prendre le risque d'y pénétrer...Elle serait piégée: des explosifs... Le Rapace nous a assuré qu'il pouvait les commander à distance. Le service de déminage devrait arriver d'un instant à l'autre. Quant aux commando des Aigles, il ne devrait pas nous échapper. J'ai des hommes partout, en ville.

- Bien.

- Par contre, j'ai un nouvel élément à vous communiquer, Monsieur le chef de cabinet...

- Ah ! oui, lequel ? fit-il intrigué.

À ce moment là, deux mirages 2000 survolèrent le centre ville à basse altitude. 

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- Attendez! Monsieur le chef de cabinet ! hurla le commissaire dans le téléphone. Des avions de chasse nous survolent ! On ne s'y entend plus ici ! 

Dans l'un des mirages:

- De bleu leader à contrôle..., de bleu leader à contrôle, est-ce que vous me recevez ? 

- De contrôle à bleu leader cinq sur cinq. À vous...

- Premier rapport: lorsque nous étions en approche, nous avons eu effectivement un visuel sur une masse sombre, gigantesque, qui recouvrait la ville d'Amiens et qui s'étendait même au-delà. Nos appareils de détection ont subi des distorsions qui les ont mis H. S un moment. Ils sont de nouveau opérationnels, mais le phénomène a disparu. Cependant, avant qu'il ne s'estompe, j'ai eu le temps d'avoir la vision fugace d'une forme organisée avec des structures. Cela ne m'avait pas l'air solide, mais plutôt instable, comme une projection, un peu comme les mirages que nous renvoie parfois la chaleur du désert. Impression que bleu deux n'a pu me confirmer. Juste une illusion, peut-être. En ce qui concerne la ville elle a souffert sur un rayon approximatif de cinq cents mètre à la ronde mais les plus gros dégâts sont localisés autour de la rue des Trois-Cailloux et la place René Goblet. De bleu leader, à vous contrôle...

- De contrôle à bleu leader, bien reçu. Prenez quelques clichés et retour à la maison. Terminé.

- De bleu leader à contrôle, bien reçu. Terminé. 

Les deux mirages exécutèrent un virage serré, prirent les photos demandées et s'éloignèrent à vive allure.

Alors, le commissaire reprit sa conversation:  

-  Désolé de ce contre-temps. Où en étions-nous déjà...? Ah ! oui, je vous disais: un nouveau venu est entré en scène... Et aussi surprenant que cela paraisse, ce nouveau venu semble être à l'origine de la tornade qui a frappé Amiens. Homme ou extraterrestre..., on ne connaît pas sa nature exacte. 

- C'est une plaisanterie ? s'étrangla la voix à l'autre bout du "fil".

- Pas du tout, assura le commissaire. Cela paraît inconcevable, je vous le concède, mais plusieurs personnes ici présentes pourront vous confirmer mes dires. Peut-être un rapport avec le commando des Aigles. Toujours est-il qu'il a filé à leurs trousses et ...

- Un complice ou...

- Je ne peux rien vous confirmer tout de suite, mais..., d'après ce que j'ai cru comprendre: un ennemi de ces malfaiteurs, plutôt. Toujours est-il qu'il dégage une très forte énergie et que rien ne nous dit qu'elle n'est pas nocive pour l'homme. Deux civils et des personnels ont été à son conctact. Ils sont confinés en lieu sûr, une équipe spécialisée doit les examiner.

- Le RAID ? 

- Il est là, mais trop tard...

- Bien, je transmets toutes ces informations à Madame la ministre de l'intérieur. Faites au mieux. Repassez-moi le préfet.

- Monsieur le préfet, reprenez la communication s'il vous plaît.

Un des hommes du commissaire, le capitaine Beauclair, annonça soudain:

- Commissaire Lebiloute, le service de déminage est sur place.

- Parfait.

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Il avait retrouvé sa bonne humeur qui fondit comme neige au soleil lorsqu'il apprit que le commando des Aigles avait échappé à la vigilance de ses équipes sur le terrain. De dépit, il jeta le micro de sa radio embarquée qui s'entortilla autour du volant. 

Bientôt, les démineurs sortirent de la banque avec les ex-otages. Le Rapace avait bluffé: aucune trace de bombe. Et puis, un peu plus tard, les conclusions des équipes NBC tombèrent: aucune trace de radiation. Il était temps pour chacun de plier bagages et la tension retomba d'un cran. Place aux nettoyeurs à présent

Un peu à l'écart, le gendarme qui s'était fait chambrer par le commissaire s'approcha de Beauclair qui était en grande conversation avec un collègue et demanda, l'air malicieux: 

- Il s'appelle comment le commissaire ?

- René Lebiloute, pourquoi ?

Le gendarme pouffa et s'esclaffa:

- Ah ! parce qu'il est mort...

Les deux policiers se regardèrent, sidérés.

- Je ne comprends pas, fit Beauclair. Qui est-ce qui est mort ?

Le gendarme, mort de rire:

- Le biloute !... Renaît, renaît le biloute... Ah ! Ah ! Ah !

Beauclair hocha la tête.

- Je crois que je comprends à présent. T'as saisi la blague demanda t-il à son collègue.

- Ouais, j'ai compris aussi. Ah ! Elle est fine, très fine...

Puis s'adressant au gendarme hilard:

- Mais allez donc lui raconter personnellement. Je suis sûr qu'il l'appréciera énormément. 

Le militaire ne se fit pas prier, et sans hésitation aucune, s'approcha du commissaire.

Le policier s'exlama: 

- Mais c'est qu'il va le faire le con, en plus !

- Commissaire, l'interpella le gendarme.

- Une seconde, je suis en communication avec mes hommes sur le terrain. 

Il continua, pour ses hommes:

-... oui, et elle est coquette cette petite créature, vous ne pouvez pas la manquer, elle s'habille de reflets lumineux, style boîte de nuit itinérante. Hé ! mais attention les gars, prudence. On ne connaît pas ses véritables intentions. Ne vous mettez pas inutilement en danger. Contentez-vous de lui filer le train. Et avec un peu de chance, elle vous conduira directement au commando des Aigles. Encore une chose: ça parle et ça comprend notre langue. Terminé.

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Il se tourna vers le gendarme: 

- Oui... 

- Dites moi commissaire, vous êtes du Nord ?

Il répondit d'un ton bourru:

- Je suis du Nord..., je suis du Nord... Ça veut dire quoi d'abord, être du Nord ? Je suis du Sud, moi, Môssier, du sud de Lille. Lille sud !

Perplexe, le gendarme demanda:

- ... De l'île... Quelle île ?

Le commissaire tomba des nues, confondu devant autant d'ignorance et de bêtise; il précisa:

- Je ne vous parle pas du caillou jeté au milieu de l'océan (triple buse, avait-il envie d'ajouter), mais de la ville ! Vous savez, la ville française au sud de la Belgique ! Et bien moi, je suis né encore plus au sud...! Décidément, c'est pas pour rien que vous êtes gendarme, vous...

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Torpillé, touché, coulé, le militaire repartit penaud. C'est sûr, il ne s'en vanterait pas auprès de ses collègues qu'il avait également le don d'agaçer par son immaturité.

Puis pour lui-même, bougon, le commissaire se fit la réflexion:

- Ça devient vraiment n'importe quoi dans la région. Si ça continue comme ça, moi, je demande ma mutation à la "Goutte d'Or"... J'y aurai peut-être un avenir professionnel plus "doré".

De son côté, Luc était loin de toutes ces considérations. 

Tag(s) : #Stars Knights Legend Époque 1 LE COMMENCEMENT
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